20 mars 2019 : journée mondiale décrétée par l'ONU depuis 2012 qui reconnaît reconnaît le bonheur et le bien-être comme une aspiration universelle et pense que le bonheur devrait être pris en compte comme un objectif politique.
Martin Seligman : La psychologie traditionnelle s'intéresse essentiellement à nos problèmes, à ce qui ne va pas du tout dans nos vies. La psychologie sur laquelle j'ai passé trente ans à réfléchir, la psychologie positive, a pour but de nous libérer de nos tourments, de nos souffrances, de la dépression du manque d'espoir, de notre sentiment d'impuissance... Il y a plus de vingt ans, quand je suis devenu président de l'Association américaine de psychologie, je suis parti de ce postulat pour orienter mon travail : si l'on supprime nos souffrances de façon radicale, qu’il ne nous reste plus aucune raison de nous plaindre, à quoi aboutit-on ? On arrive à une situation zéro sur l’échelle du bien-être. L’intérêt est de savoir ce qu’il y a au-dessus. Qu'est-ce que les gens heureux, indépendants et libérés de toute souffrance, veulent dans la vie ? Ils souhaitent connaître ce qui permet de continuer à vivre et à s’épanouir pleinement. En quelque sorte, la psychologie positive ne propose pas d'aller de moins huit, à moins trois dans la vie. Mais plutôt d’aller de plus deux, à plus six.
La question n'est pas d'être bons uniquement envers nous-mêmes. La psychologie traditionnelle, la psychanalyse par exemple, est intrapsychique. Elle nous propose de réaliser un travail à l'intérieur de nous-mêmes. C’est important, indéniablement. Mais la psychologie positive est aussi tournée vers l’extérieur, elle s'intéresse aussi à nos relations sociales, à comment faire le bien aux autres, à travers le monde... Il s'avère que ce qui relie le mieux le bonheur et le bien-être, où que vous soyez sur la planète, c'est la gratitude. C’est pourquoi la psychologie positive vise à enseigner et mettre en pratique des compétences pour développer de bonnes relations sociales. Elle est clairement plus orientée de façon extrapsychique, qu'intrapsychique.
La psychologie positive est parfois perçue comme une injonction au bonheur. Je dirais simplement que cela n'a rien à voir avec la psychologie positive. Cette critique de la tyrannie du sourire m’amuse particulièrement, car la première chose que je dis aux journalistes en interview, c’est de ne pas illustrer leur article avec un smiley souriant. La psychologie positive n'a rien à voir avec un cliché stéréotypé du bonheur : sourire, être marié, tout le temps de bonne humeur... Selon moi, la psychologie positive repose sur cinq points qui forment l’acronyme « PERMA ». Le premier P renvoie à nos émotions positives, qui doivent être cultivées, développées et valorisées. Le E correspond à l’engagement envers les autres et le présent. C'est être complètement dans ce que l’on fait notamment lorsque nous échangeons avec quelqu’un. Le R ensuite, invite à tisser de bonnes relations avec les autres, à être bienveillant en quelque sorte. Le M nous questionne sur le moteur de nos vies : que voulons-nous vraiment ? Le A vise à la réalisation de nous-mêmes grâce à nos grands accomplissements tels que relever des défis, s’investir dans ce qui compte vraiment pour nous. La psychologie positive n’est donc pas un simple vernis de bons sentiments ou de pensée positive factice. Elle invite s’investir pleinement dans la vie pour notre bonheur et celui des autres. Quiconque pense que la psychologie positive, c'est simplement sourire et faire semblant jusqu'à y parvenir, n'a lu aucun texte sérieux sur le sujet.
Lors de sa toute première conférence en France intitulée Hope Circuit, Martin Seligman, fondateur de la psychologie positive, s'est interrogé sur les raisons qui relèguent la France en bas du classement des pays les plus heureux, derrière l'Allemagne ou le Royaume-Uni. Le pessimisme français aurait-il une raison historique ou ne serait-il qu'une posture ? Dans tous les cas, nous gagnerions beaucoup à adopter la positive attitude !
Source : psychologie.com
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